L’usure des pneus et des freins, principale émettrice de particules fines en ville ?

Bien que n’étant pas prises en compte par les politiques publiques à l’heure actuelle, les particules fines liées à l’usure des pneus ou des freins recèlent une dangerosité encore largement sous-estimée.

Une pollution en hausse de moitié d’ici 2030

C’est un problème semble-t-il quasiment ignoré tant par les autorités que par les politiques publiques, alors que l’attention se focalise sur l’essor des véhicules électriques et la réduction des gaz d’échappement qu’ils engendrent. Mais chaque médaille a son revers : la hausse constante du trafic routier et celle du poids des véhicules sur les routes ont également pour conséquence la hausse des rejets de particules fines. À tel point que ces particules, dangereuses pour la santé, pourraient bien représenter bientôt la première source d’émissions atmosphériques de particules liées au trafic routier, et ce devant les gaz d’échappement.

C’est en effet ce que nous apprend un rapport de l’OCDE publié le 7 décembre dernier. Quelle est la cause majeure de ces rejets de particules ? D’une part, l’usure des freins et des pneus, d’autre part, celle des revêtements routiers. Selon Walid Oueslati, économiste à l’OCDE et coordinateur de ce rapport, cette pollution devrait jouer « un rôle central dans le futur ». Pourtant, « au niveau national, les politiques publiques doivent prendre en compte cette pollution ». Selon les estimations, la génération de ces particules fines toxiques du fait des frottements mécaniques des freins et des pneus et de l’usure du macadam, devrait augmenter de 53,5% d’ici 2030.

Des véhicules électriques de plus en plus lourds

Étonnamment, les voitures électriques seraient en fait parfois plus émettrices de particules fines que les véhicules thermiques. Certes, les véhicules électriques légers, à l’autonomie plus réduite, rejetteraient 11 à 13% de PM2.5 (c’est-à-dire des particules au diamètre inférieur à 2,5 micromètres) de moins que les véhicules thermiques. En revanche, les véhicules électriques dotés d’une batterie plus conséquente rejettent 3 à 8% de PM2.5 de plus que les véhicules thermiques classiques. Dit autrement, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le passage à l’électrique ne va pas éradiquer la pollution, loin s’en faut.

Bien sûr, entre vitesse et freinage, le style de conduite des automobilistes exerce aussi une influence certaine sur le taux d’émission d’un véhicule. Mais, estiment les auteurs de ce rapport de l’OCDE, « en l’absence de politiques ciblées afin de réduire les émissions autres que les gaz d’échappement, les préférences des consommateurs pour une meilleure autonomie et des véhicules plus grands pourraient entraîner une augmentation des émissions de particules dans les années à venir, du fait de l’adoption de véhicules électriques plus lourds ». Les niveaux d’émission les plus élevés ayant tendance à être localisés dans les « zones à plus forte densité de population », à savoir les villes, les auteurs de ce document préconisent de normaliser les méthodes de mesure des émissions de particules hors échappement de tous les véhicules.